Pastorale de Noël • Marc-Antoine Charpentier

En plein cœur de Paris se met en place progressivement à partir du milieu des années 1660 une vie musicale parallèle et hors des cadres repérés. Si beaucoup de princes ont les moyens d’entretenir une musique sur le modèle – nécessairement réduit – de celle du monarque, l’hôtel de Guise établit une configuration plus originale. Il ne s’agit pas d’illustrer la puissance de cette maison princière, mais bien d’organiser, autour de Marie de Lorraine, la présence d’un art qui lui est nécessaire.

Marc-Antoine Charpentier y évolue dans des contraintes différentes de celles de la cour : l’équipe des musiciens que constitue l’hôtel de Guise diffère au fil de ans, lui imposant des effectifs parfois inhabituels.
Le drame de la mort du dernier héritier mâle de la lignée Guise marque un réel tournant dans les textes soumis par Marie de Guise au compositeur. Dès lors, la figure de l’enfant Jésus prend une place considérable dans la piété de cette famille, qu’il s’agisse des offices religieux ou de la place réservée à la fête de Noël. Cette célébration occupe par ailleurs une place centrale dans la vie religieuse de la France du XVIIe siècle, et suscite une très grande ferveur populaire.

Ce programme donne à entendre par la succession des pièces l’ensemble de l’histoire de la Nativité, sous la plume d’un Marc-Antoine Charpentier hautement inspiré, où l’art de la composition côtoie une sensualité et une ferveur hors- normes. Ces pastorales de Noël, uniques en leur genre, marquaient un temps particulier de l’année où se retrouvaient tous les musiciens, Charpentier, leur bienfaitrice les fins lettrés qui fréquentaient l’hôtel mais aussi toute la Maison de Guise : un moment de grâce infinie, naïve et bienveillante, à l’opposé des ors de la cour de Versailles.

C’est également dans ce contexte que naît la Pastorale sur la naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ H.483. Le genre de la pastorale, contrainte imposée au compositeur et rarement utilisé pour évoquer la Nativité, donne naissance à une œuvre qui détonne à la croisée des genres profane et sacré, du populaire et du savant, de l’ingénuité et de la gravité.

Sortie Harmonia Mundi 21 octobre 2016 :
Choc de Classica, ffff Télérama, 5 diapasons, **** The Times

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PROGRAMME

Marc-Antoine Charpentier
O Salutaris
O Sapientia
O Adonai
O Radix Jesse
Or nous dites Marie
O Clavis Dvid
O Oriens

Traditionnel Or nous dites marie

Marc-Antoine Charpentier
O Rex Gentium
O Emmanuel
In Nativitatem H.414
Pastorale H.483