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Le ven. 07 Fév 2025 20:00

Arsenal de Metz

Les Maîtres de Notre-Dame

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Dès sa fondation, la cathédrale Notre-Dame de Paris a fédéré les plus grands musiciens de son temps. À peine l’édifice achevé, c’est entre ses murs que sont inventées les premières polyphonies : cet art inédit de superposer plusieurs voix crée une nouvelle harmonie inouïe jusqu’alors. Le chant est au centre des offices auxquels ils confèrent un lustre qui leur assure une renommée bien au-delà de la capitale du royaume.

De nombreux chanteurs, organistes, compositeurs et maîtres de chapelle ont fait depuis le Moyen Âge les grandes heures de la musique à Notre-Dame.

Au XVIIe siècle, si la Chapelle royale concentre l’attention, en miroir d’un pouvoir qui se concentre sur la cour, Notre-Dame reste un vivier considérable de l’art musical. La Chapelle royale y puise d’ailleurs l’immense majorité de ses musiciens. Ce programme vient rendre hommage aux grands compositeurs qui lui furent attachés. Malgré le conservatisme des autorités religieuses, la cathédrale de Paris reste au XVIIe siècle, par les moyens dont elle dispose, mais aussi par son ambition d’être le premier lieu sacré du royaume, l’épicentre de la musique sacrée. Son orgue nouvellement restauré est un chef-d’œuvre de modernité et les plus grands organistes s’y alternent, créant une école célèbre dans toute l’Europe dont Bach sera l’un des grands admirateurs. Les talents les plus créatifs de leur temps s’y succèdent en tant que maîtres de chapelle et compositeurs, et en dépit des contraintes très strictes édictées par le chapitre, ils y offrent à la liturgie une splendeur considérable.

Après son apprentissage au sein de la maîtrise de Notre-Dame de Paris, Pierre Robert est rapidement repéré comme l’un des compositeurs les plus inventifs de son temps : après dix années passées en tant que maître de chapelle de la cathédrale de Paris, c’est donc naturellement à lui que le jeune Louis XIV propose, avec Henry Du Mont, la charge de s’occuper de la musique de sa chapelle dans les années 1660.Tous deux, ils inventent le genre du grand motet, qui perdurera jusqu’à la révolution et fera modèle dans toute l’Europe, comme un symbole de la musique française. François Cosset, Jean Veillot ou encore Jean-François Lalouette font aussi partie de ces maîtres de Notre-Dame qui ont fait la réputation de la musique sacrée française et dont la musique est de premier plan.

Comme les précédents, André Campra a lui aussi un parcours typique des musiciens d’église de son temps : formé comme jeune chanteur à la maîtrise d’Aix-en-Provence, sous la direction de Guillaume Poitevin, il est rompu à l’art du chant ecclésiastique, des modes d’église, du cérémonial. Prodigieusement doué, il aborde rapidement la composition. S’il s’est rapidement éloigné de la charge de maître de Chapelle de Notre-Dame (les anecdotes à ce sujet donnent une idée de son attirance incoercible pour la scène, apparemment incompatible avec toute respectabilité si l’on en croit les chanoines de la cathédrale) pour se consacrer à l’opéra qui fera sa gloire à la toute fin du siècle, sa musique sacrée constitue une œuvre de premier plan. Son Requiem est l’une des œuvres les plus marquantes du Grand Siècle, et à l’inverse de ce qu’une oreille moderne pourrait attendre d’un tel texte, la musique y est d’une intensité solaire : le musicien offre ainsi sa lecture particulière d’un texte ancestral et une certaine vision de la mort. La lumière éternelle (lux perpetua) est au cœur de cette œuvre méridionale, résolument positive, profonde et rayonnante.